Les résumés

Le résumé des articles est par défaut en libre accès chez la plupart des éditeurs. Il est repris par les moteurs de recherche et les bases de données. Enfin, il est beaucoup plus lu que l’article lui-même. Il faut donc lui accorder un soin primordial. Et si de nombreuses revues en STM exigent le respect d’un formalisme strict, les préconisations restent rares en SHS. C’est pourtant tout l’écosystème qui aurait à y gagner.

Si le titre de l’article a intéressé un lecteur, c’est en lisant le résumé qu’il va décider de lire ou non l’article. Le résumé est déterminant pour la décision d’un lecteur potentiel à s’engager dans la lecture d’un document scientifique qui peut parfois être payante et qui toujours nécessite un effort intellectuel.

En plus, la majorité des lecteurs liront seulement le résumé, qu’ils aient accès ou non au texte intégral de l’article. Il est donc un élément autonome du document auquel il faut consacrer le temps nécessaire pour rédiger le résumé avec soin :

  • Il résume avec exactitude l’ensemble du contenu du document ;
  • Il est un document autonome que le lecteur doit pouvoir comprendre sans se reporter au document ou à des références externes ;
  • Le respect d’une structure formelle de son contenu en facilite la lecture humaine et automatique, ce qui en améliore la prise en compte ;
  • Il est toujours rédigé après le document, pour rester fidèle au contenu ;
  • Son style est concis et simple, pour être compris par un lectorat plus large que le lectorat primaire du journal, ce qui peut différer du reste du document.

Rédiger le résumé

Dans le domaine scientifique, le résumé ne cherche pas à appâter le chaland avec une information tronquée. Bien au contraire. Il ne doit pas être confondu avec un texte de 4e de couverture pour un livre. En lisant le résumé, le lecteur devra comprendre l’essentiel de tout ce qui est développé dans l’article. C’est un exercice de concision, de l’orfèvrerie. C’est donc un travail très complexe et qui exige des qualités un peu différentes de celles mobilisées pour la rédaction de l’article.

Le résumé d’une publication scientifique reprend l’ensemble des éléments clés :

  • Limites des connaissances justifiant l’intérêt des travaux ;
  • Problématique, hypothèses ou question de recherche ;
  • Méthodologie, terrain et corpus étudiés pour répondre aux questions ;
  • Résultats saillants ;
  • Perspectives.

Sur internet qui est la forme dominante de diffusion des articles scientifiques, le résumé de l’article est en accès libre et il est toujours accompagné du titre :

  • Tous les lecteurs y ont accès librement ;
  • Les moteurs de recherche et les bases de données utilisent les mots du titre, du résumé et les mots-clés pour référencer l’article ;
  • Les journaux scientifiques utilisent aussi ces éléments pour leur propre moteur de recherche et leurs suggestions de « publications en relation », très utilisés par les lecteurs.

Dans cette perspective de diffusion large, la traduction en anglais est nécessaire. Elle est parfois prise en charge par l’éditeur, mais elle peut aussi être exigée de l’auteur. Dans le cas de besoin de traduction en d’autres langues ou en plusieurs langues, ce qui est parfois un modèle de publication de certaines revues, les traductions seront souvent prises en charge par l’éditeur.

Cas concret

Une méthode générique de construction des résumés se fonde sur la reprise de la trame IMReD, principalement utilisée en STM, en accentuant l’apparition de la problématique de recherche. Si l’application de la trame IMReD en SHS est complexe, sa reprise pour le résumé est une piste intéressante :

  • Contexte (Introduction) ;
  • Questions (fin de l’introduction) ;
  • Moyen de répondre aux questions (Méthode) ;
  • Résultats issus de l’analyse de l’application des méthodes (Résultats) ;
  • Réponses issues de la discussion (Discussion).

La rédaction de résumé pour la revue Nature est très formellement structurée. Le résumé doit faire entre 200 et 300 mots, soit environ 1500 caractères espaces comprises (https://nature.com/documents/nature-summary-paragraph.pdf). Il se compose comme suit :

  • Accroche : Une ou deux phrases fournissant une introduction de base au domaine, compréhensible pour un scientifique de n’importe quelle discipline.
  • Contexte scientifique : Deux ou trois phrases de contexte plus détaillées, compréhensibles aux scientifiques des disciplines connexes.
  • Problématique, verrou : Une phrase énonçant clairement le problème général auquel s’attaque le cette étude en particulier.
  • Résultat : Une phrase résumant le résultat principal (avec les mots « nous démontrons ici » ou leur équivalent).
  • Apports majeurs : Deux ou trois phrases expliquant ce que le résultat principal révèle en comparaison direct avec ce que l’on croyait être le cas auparavant, ou comment le résultat principal accroit les connaissances antérieures.
  • Apports et perspectives : Une ou deux phrases pour situer les résultats dans un contexte plus général.
  • Ouverture : Deux ou trois phrases pour donner une perspective plus large, d’emblée compréhensible pour un scientifique de n’importe quelle discipline, peuvent être incluses dans le premier paragraphe si l’éditeur considère que l’accessibilité du journal est considérablement améliorée par leur inclusion.

Les pratiques permettent parfois des résumés plus courts. Cependant, des résumés plus longs sont plus faciles à écrire. Comme les résumés font partie des métadonnées reprises par les bases de données documentaires et les moteurs de recherche, il faut augmenter le contenu disponible à cet emplacement.

Références utiles