Une liste de mots-clés se compose de termes indépendants (un mot seul ou en association simple). Elle définit les thématiques principales et secondaires traitées dans un document. Elle ne vise pas à démontrer l’originalité du document, mais au contraire à l’inclure dans un champ de recherche et dans un écosystème scientifique, celui de la revue, celui du champ disciplinaire et celui de l’accès à l’information qui regroupe les moteurs de recherche, les bases de données, les citations, etc. Il faut garder à l’esprit qu’on accède rarement à un article sans un vecteur, et peu fréquemment par le sommaire du numéro de la revue lu in extenso.
D’autre part, les informations et concepts sont choisis parce qu’ils ont une place importante dans les travaux. Ils peuvent se rapporter à des résultats, concepts clés, des lieux (pays, zone écologique, continent…), des méthodes, objets d’études, éléments chimiques, implications, nom latin d’espèce, abréviation très utilisée dans une discipline (pour une méthode, un concept, un projet, une formule chimique, un objet de recherche…).
Un mot-clé n’est pas :
- une phrase ;
- une citation ;
- un titre d’œuvre ;
- polysémique ou ambigüe ;
- un nom propre (sauf cas exceptionnel)…
Choisir ses mots-clés
Dans le cadre d’activités de rédaction d’article, les auteurs sont producteurs de ces mots-clés, mais aussi les éditeurs des revues. Des logiques spécifiques doivent s’appliquer. Elles prennent en compte le contexte de communication, dont le destinataire (lecteur, évaluateur…) et l’environnement de diffusion (moteurs de recherche, bases de données, revue…). Il s’agit pas d’une version dégradée du résumé, bien qu’il y ait des correspondances entre ces deux éléments de description du corps du texte.
Dans l’idéal, le titre est une accroche pour le lecteur et les mots-clés donnent un positionnement plus technique. Dans ce contexte, les mots-clés doivent compléter le titre et vice et versa, et éviter une redondance avec le titre. Si un terme est déjà présent dans le titre, il ne doit pas être repris dans les mots-clés et réciproquement. Ajuster le titre ou les mots-clés selon les besoins pour obtenir un ensemble cohérent. Ces espaces de premiers contacts avec l’article doivent être exploités le plus finement possible. Pour le lecteur, cette redondance est pénible. Pour les moteurs de recherche, elle est inutile, voire contreproductive. Certaines situations sont loin de cet idéal, parfois pour des raisons assez logiques, dans les domaines applicatifs, notamment pour lesquels les informations concrètes seront incontournables tant dans le titre que dans les mots-clés. Une certaine redondance se justifiera alors.
Pensez à tester vos mots-clés dans les moteurs de recherche et les bases documentaires ou bibliographiques. Cela peut permettre de les affiner, de sélectionner des synonymes plus d’actualité… et d’éviter d’éventuels contresens.
La production scientifique étant majoritairement présentée en anglais, la traduction des mots-clés est incontournable, tant pour la recherche documentaire que pour la rédaction et la sélection de mots-clés. Il est couramment nécessaire de pouvoir passer rapidement du français à l’anglais et réciproquement. Pourtant, l’exercice est parfois complexe. Il est plus juste de penser en termes d’équivalence que de traduction littérale. En effet, les univers culturels et les constructions disciplinaires varient d’une langue, et surtout d’un pays à l’autre. Si le chercheur-auteur est institutionnellement situé, ne pas perdre de vue que son lectorat ne l’est pas de la même façon. La communauté de chercheurs du champ saura se reconnaître, mais il ne faut pas oublier qu’une part importante du public peut appartenir à d’autres disciplines ou provenir de l’extérieur du périmètre académique, surtout pour les SHS. Et certains sujets se positionnent aux frontières de plusieurs disciplines. Un choix stratégique pourra alors être opéré et parfois les mots-clés permettent de donner une meilleure visibilité en valorisant les aspects périphériques au champ principal. Ainsi, un sujet d’architecture peut être invisibilisé dans sa discipline, alors qu’il serait novateur en sociologie, en informatique… Il faut donc construire sa liste de mots-clés en gardant l’esprit très ouvert sur les connexions entre le sujet et tout le reste.
Construire sa liste de mots-clés
L’expérience permet une connaissance empirique des termes dans notre domaine de prédilection. Il est possible de compléter une liste de mots-clés en exploitant les termes présents dans les articles scientifiques consultés pour la réflexion et présentés en bibliographie. Les revues en ligne exploitent fréquemment des mises en relation de publications basées sur ces mots-clés. En naviguant à travers les mots-clés d’une revue, on peut trouver de nouvelles références et s’inspirer des termes utilisés par d’autres chercheurs et des éditeurs.
Certaines revues proposent un choix restreint de termes de façon à favoriser les connexions entre les documents. Respecter cette disposition éditoriale permet de faire connaître d’autres articles dans le même thème, de mieux valoriser le contenu de la revue dans le temps et de favoriser le dialogue scientifique. Même si la revue ne le préconise pas, il s’agit d’une pratique vertueuse. Pour l’auteur, il est donc incontournable de s’inspirer de l’index de la revue ciblée pour publication. Et pour l’éditeur il est souhaitable de recommander un thésaurus.
Les banques terminologiques multilingues sont une solution pour aborder des sujets nouveaux, élargir nos horizons terminologiques et pour trouver les entrées les plus pertinentes. Plusieurs ressources sont disponibles en ligne gratuitement (liste non exhaustive) :
- Le Grand dictionnaire terminologique (FR-EN) : produit par l’Office québécois de la langue française, il compte plus de trois millions de termes, couvrant plus de 200 domaines d’activité, et la taxonomie et la médecine. http://www.granddictionnaire.com/
- IATE pour Terminologie interactive pour l’Europe (24 langues) : contient 8 millions de termes et fonctionne dans toutes les langues officielles de l’UE. https://iate.europa.eu/
- TERMIUM Plus (FR-EN, +ES-PT) : cette base de l’université de Montréal traduit quatre millions de termes, abréviations, définitions et propose des exemples d’utilisation dans un large éventail de domaines spécialisés. https://www.btb.termiumplus.gc.ca/
- UNTERM (FR-EN-ES-RU-ZE-AR) : le Système de référence terminologique de l’ONU comporte environ 80 000 entrées. https://unterm.un.org/unterm/portal/welcome